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06/03/2015

Faire de la pub et pour une fois, pas pour ma gueule

Cabaret Allonneau.jpg

Au gueuloir ce mois-ci, au Périscope le bien nommé, vu qu'on y voit plus loin que le bout de la mélasse dans laquelle on macère, Fred Houdaer a convié du beau monde. 

Et si vous voyez pas de quoi je parle, relisez ce que je pense de Simon Allonneau.

15/02/2015

Égorgez une chèvre pour Allonneau...

allonneau2.jpg

... ou alors, si vous avez la fibre trop brigittebardesque pour faire du mal aux animaux, allez sur le site du Pédalo Ivre et achetez son bouquin. Ou mieux. Posez une semaine de congés et harcelez votre libraire préféré, un jour avec une fausse barbe, le lendemain avec une perruque blonde, le surlendemain en Burqua, pour qu'il commande des stocks dignes de ce nom de ce petit chef-d'œuvre intitulé La Vie est trop vraie — c'est peut-être un peu grossier comme ruse, mais des fois les libraires sont moutonniers. 

Et pourquoi donc ? Parce qu'Allonneau, ce petit jeune d'à peine mon âge qui fait du skate du côté de Lille, est un poète comme il s'en compte sur les doigts de la main gauche d'un Django Reinhart qui serait atteint de lèpre. Un poète qui me fait remettre en cause tout ce que je croyais savoir sur la poésie. Ceux qui ont lu son Polder paru en 2013 et préfacé par rien que moins que Pennequin sont déjà au courant, mais là il enfonce le clou.

Une preuve ? Voilà :

 

mon chat se promène toute la journée en murmurant le chat c'est vraiment un truc génial (p.53)

 

Mais encore ?

 

moi

je ne suis pas arrogant

un conducteur roule à contresens. je ne demande même pas aux policiers s'il est ivre

je me tais et je meurs (p.8)

 

L'absence de majuscules est d'origine, et d'ailleurs, comme me l'a dit récemment son directeur de collection, on n'aime pas trop les majuscules au Pédalo. De toute façon, dans le monde d'Allonneau, rien ne mérite de majuscule. Il y a évidemment dans son bouquin quantité de textes plus longs que ceux que je viens de vous citer, mais 1) je ne suis pas payé pour faire cette critique, moi qui n'en fais jamais, je n'ai donc aucune raison de me faire chier à recopier du texte, et 2), je ne voudrais pas vous déflorer la lecture de ce livre.

De toute façon, vous avez déjà compris : depuis qu'Allonneau publie, le scandale de la mort de Topor est un peu moins douloureux.

 

10/03/2014

Critique &

Cher Jibé Moinat,

 Je tenais à revenir sur la critique que tu as faite de mon bouquin sur le blog culturel Les Heures perdues.  

D'abord parce qu'elle est enthousiaste (merci à toi), mais surtout, parce qu'elle m'a fait réfléchir. 

Tu sais, Jibé (je me permets de t'appeler comme ça parce que j'ai l'impression qu'on a plus ou moins le même âge), j'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour les gens capables de dire toutes ces choses profondes sur LA poésie, LE poète, etc. Ce n'est pas mon cas. Je suis même une sorte de débile profond dès qu'il s'agit de théoriser ou de généraliser quoi que ce soit. Par exemple, j'ai du mal à me faire à l'idée de défendre à tout prix la poésie parce que c'est de la poésie. Si je n'étais pas parvenu à me sortir de la tête l'idée universitaire selon laquelle la modernié poétique bonnefoyjaccottienne serait le seul salut à notre absurde époque où le langage a abdiqué ses prétentions sur le moi, le monde et la réalité, eh bien, putain, je n'aurais pas écrit ce bouquin et on ne serait pas là, toi et moi, à causer. Je crois même que si j'étais resté dans le milieu universitaire (si j'avais, mettons, fait une thèse, préparé l'agrègue, etc), j'aurais complètement arrêté d'écrire.

Bien sûr que je défends ma forme d'expression, certes, d'abord parce que c'est la mienne (faut pas déconner), mais je ne me définirai jamais comme pur poète, et d'ailleurs, en tant que lecteur, je n'ai qu'un critère : toute oeuvre d'art, ingurgitée ou régurgitée, doit me permettre de vivre un jour de plus sans devenir dingue et sans que la merde gagne.

D'où, peut-êtren l'aspect "chronique" de ce que je fais.

Mais tu sais, Jibé, il y a pire que moi. Il faut que tu connaisses un mec qui s'appelle Simon Allonneau. A côté de lui, je fais du Saint-Jean, du Ezéchiel, du Lautréamont, tellement il bosse, lui, dans l'anecdote toute sèche.

J'en parle ici parce que c'est un des rares, ces dernières années,  qui m'ait influencé au point de remettre en question tout ce que je pensais de la poésie. Pour une raison bien simple : c'est le roi de la débénabarisation du quotidien — et moi, le quotidien, la trivialité, et comment y survivre, c'est justement ce qui me questionne le plus en ce moment, littérairement parlant.

Et à cet égard, permets-moi une remarque.

Pour reprendre l'expression du sieur Thélot que tu cites dans ton article, bien sûr que la "verbalisation de la vie, [le] passage de la vie dans la parole" me passionne, mais "passer sa vie à ne rien faire, à ne rien faire" qu'y travailler me paraît être une sorte d'utopie accessible seulement à quelques rentiers/chroniqueurs mondains/semi-universitaires à chaire moitié fictive. Et je n'ai a priori aucune envie de lire une littérature qui fait comme si le travail, la femme, les gosses, les papiers de l'assurance et les pannes de la cafetière n'existaient pas.

Ne serait-ce parce qu'écrire sert aussi à chercher comment survivre à tout ça.